Le grand plasticien et chorégraphe Jan Fabre, accusé de « violence, harcèlement ou harcèlement sexuel au travail et d’un attentat à la pudeur par des danseuses au sein de sa compagnie » , a été condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel d’Anvers. Le 25 mars 2022, au premier jour du procès, l’artiste flamand, rattrapé par la vague #MeToo en 2018, avait été dépeint, dans les témoignages de plusieurs danseuses, comme un homme tyrannique lors des répétitions, humiliant régulièrement ses collaboratrices et ayant même pratiqué sur certaines d’entre elles un chantage à caractère sexuel. Plusieurs victimes présumées ont raconté des séances photo à caractère érotique dirigées par le chorégraphe, sous le « faux prétexte » d’une publication dans une revue artistique. Certaines séances se terminaient par des rapports sexuels.
La condamnation est assortie d’un sursis à exécution pour une durée de cinq ans, période pendant laquelle Jan Fabre est privé de ses droits civiques, selon une copie du jugement transmise à la presse. Fabre qui récuse toutes les accusations portées contre lui, était absent à son procès comme au prononcé de la condamnation.
Auteur: Ekaterina Bogopolskaia
Teodor Currentzis serait maintenu à l’orchestre de la radio SWR de Stuttgart
Le chef d’orchestre Teodor Currentzis serait maintenu à l’orchestre de la radio SWR de Stuttgart en Allemagne. La collaboration avec le chef gréco-russe sera maintenue en dépit de ses » liens problématiques » avec une banque russe soumise aux sanctions à cause de la guerre en Ukraine. Une tournée européenne qui doit débuter le 27 mars est maintenue comme prévu, mais le programme sera modifié pour inclure des compositeurs russes, allemands et ukrainiens dans » un appel en faveur de la paix et de la réconciliation « . Currentzis, chef principal de l’orchestre symphonique de la radio SWR depuis 2018, ne s’est pas exprimé sur le président russe. Dans un communiqué, l’orchestre de la SWR assure que sa coopération avec le chef d’orchestre est basée » sur des valeurs et des convictions partagées « . » Nous n’aidons personne et ne mettrons pas fin à la guerre en décrétant une condamnation totale des artistes qui vivent et travaillent en Russie et en mettant automatiquement fin à la collaboration » avec eux, a déclaré le directeur de l’orchestre Kai Gniffke.
NOUS SOMMES ICI POUR FAIRE DE L’ART, PAS LA GUERRE – la déclaration du directeur du célèbre opéra de Bruxelles
Alors qu’un certain nombre de grandes institutions dans le monde ont décidé de déprogrammer des œuvres du répertoire russe pour manifester leur désaccord avec l’invasion de l’Ukraine le Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles a annoncé de maintenir la « saison russe » programmée pour l’année 2022/2023.
Trois productions d’opéras du répertoire russe seront représentées sur la scène de la Monnaie la saison prochaine. La Dame de Pique de Piotr Tchaikovski ouvrira la saison dans la mise en scène par David Marton ( la cheffe française Nathalie Stutzmann) et Le Nez de Dimitri Chostakovitch, dans la mise en scène d’Olex Ollé la refermera (dirigé par le maestro hongrois Gergely Madaras). Entre temps, il y aura aussi Eugène Onegin dans une mise en scène de Laurent Pelly et derrière le bâton du directeur musical de la Monnaie Alain Altinoglu.
Le directeur de la Monnaie Peter de Caluwe a pris la plume pour expliquer sa position. Читать дальше
Tugan Sokhiev/Туган Сохиев a démissionné de ses postes de directeur musical du Bolchoï et de l’Orchestre du Capitole
Sergueï Loznitsa « Ne pas sombrer dans la folie »
Le texte qu’a écrit le grand réalisateur ukrainien Sergueï Loznitsa, qui s’élève contre le boycott des films russes, indépendamment de ce qu’ils disent et des positions des metteurs en scène qui les ont faits.
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Lettre ouverte de Lev Dodine
Lev Dodine a adressé il y a quelques jours une lettre personnelle à Vladimir Poutine. La lettre traduite ici et que publie le site de la revue Teatr le 28 février 2022 ( oteatre.info) est une lettre ouverte. Lev Dodine est un metteur en scène bien connu en France par ses nombreuses tournées, directeur du Théâtre Maly de Saint-Petersbourg, un des plus grands théâtres de Russie. Читать дальше
« UNE TELEVISION FRANCAISE » de Thomas Quillardet/Entretien Agnès Adam
5- 22 janvier 2022 – Théâtre de la Ville/Les Abbesses ; 25-26 janvier – La Rochelle ; 4 février – Angoulême; 22-23 février – La Rose des vents, Lille; 26 février – Gap
Après « The French Dispatch » délirant et surréaliste de Wes Anderson, voici une adaptation pour le théâtre de Thomas Quillardet, plus classique, de la vie d’une équipe de journalistes. « Une télévision française », la chronique quotidienne d’une rédaction de TF1 à l’époque de sa splendeur jusqu’à sa bascule dans le privé, à partir du rachat par Francis Bouygues en 1987 : sujets politiques, crises planétaires, scènes de débats historiques –Mitterrand-Chirac(1988), Tapie-Le Pen(1989), ainsi que les rivalités professionnelles, grandes ambitions et petites querelles d’ego. Et évidemment l’impact de la privatisation sur la façon de traiter l’information, et donc le monde. Sans jamais tomber dans le piège d’utiliser la vidéo pour parler de la télé ou le simplisme de la narration purement documentaire, Thomas Quillardet construit une fiction joyeusement théâtrale, une série de sketchs drôles et inventifs sur les sujets politiques interprétés avec finesse et panache par sa troupe de comédiens/comédiennes. Chaque acteur interprétant plusieurs rôles, avec le passage délicieusement subtil entre féminin/ masculin ce qui permet d’éviter la tentation de réaliser la copie conforme des grands stars, les présentateurs de la télé, tels que Claire Chasal et les autres. Nous avons rencontré Agnès Adam, comédienne/metteuse en scène, diplômée de l’Ecole de l’ENSATT, classe d’Anatoli Vassiliev, qui incarne dans le spectacle Alain Kopniak et Michèle Cotta.
« Le débat du cœur : Colette Thomas et Antonin Artaud »

« Akhmatova » du 19 au 26 juin sur L’Opéra chez soi sera disponible gratuitement puis en accès payant.
L’Opéra national de Paris rend hommage à son ancien Directeur, Nicolas Joel, disparu il y a un an, avec la mise en ligne de l’opéra de Bruno Mantovani Akhmatova, dont il signait la mise en scène ( la création mondiale en 2011 à Opéra Bastille). Le second opéra de Bruno Mantovani inspiré de la vie de la poétesse russe Anna Akhmatova (1889-1966) sur le livret de l’écrivain Christophe Ghristi : une oeuvre au parcours psychologique, miroir du déchirement intérieur d’une intellectuelle humiliée, inquiétée par le régime stalinien. L’opéra évoque la place du créateur confronté à la tyrannie.
L’Interview exclusive du compositeur pour le magazine Affiche Paris-Europe (2011). Читать дальше
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Odéon-Théâtre de l’Europe occupé – en mots, en cris et en musique
Odéon occupé- un peu d’ambiance et la rencontre avec Thibault Lacroix, acteur: comme la presse est admise à partir de 17 heures et le couvre-feu à Paris commence à 18 heures, nous avons improvisé cette interview à travers les grilles du Théâtre de l’Odéon.
Les initiales « PC » ou Pierre le Magnifique
Aujourd’hui à l’age de 98 ans le grand Pierre Cardin est mort. J’ai décidé de publier l’extrait de l’ interview qu’il m’a donné en 2003 pour l’hebdomadaire parisien La Pensée russe.
Chaque année, au cours de la dernière semaine d’octobre, Pierre Cardin organise, au théâtre « Espace Cardin » à Paris, le Festival du film russe « Paris-Art-Moscou ». C’était l’occasion rêvée pour rencontrer le grand Cardin et parler de lui à nos lecteurs.
Les initiales « PC » sont connues dans n’importe quel point du globe. Pierre Cardin, le célèbre couturier français, est devenu une légende. Il est l’un des designers grâce à qui la mode, au 20ème siècle, est devenue un art ; il était en même temps le premier révolutionnaire de la mode. Si aujourd’hui, on se pose toujours la question « Qui a eu le premier l’idée d’habiller les femmes en mini-jupe : Cardin, Courrèges ou Mary Quant ? », il est absolument indiscutable que c’est justement Cardin qui, en 1959, a été le premier couturier français à créer, en même temps que la collection haute-couture, le prêt-à-porter. Cette idée a été perçue à l’époque comme très subversive, et on l’a même exclu du Syndicat français de la Haute Couture, ce qui, d’ailleurs, n’a pas empêché presque tous les couturiers de suivre son exemple.
Cardin a été le premier à mettre ses initiales « PC » sur les vêtements, et le premier également à créer une collection pour hommes. A propos, l’image des Beatles en veste sans col est également due à Cardin qui, tout à fait légitimement, est devenu le premier couturier élu à l’Académie Française des Arts et Lettres. Néanmoins, l’activité créatrice de Pierre Cardin ne s’est pas limitée au monde de la mode : brillant designer, il a breveté à ce jour plus de 500 inventions, dans des domaines aussi divers que l’architecture, le transport, la publicité et toutes sortes de spectacles. « Ma devise, c’est de créer », répète le maestro, et il semblerait que son élan créatif ne connaisse pas de limite. En dehors des vêtements fabriqués dans le monde entier jusqu’à la Chine, il crée des meubles, dirige la chaîne des restaurants « Maxim’s », disséminés également dans le monde entier, édite plusieurs revues culturelles, possède des hôtels et quatre théâtres ; il est également « Ambassadeur de bonne volonté » de l’Unesco, etc…On n’arriverait pas à tout énumérer.
Pierre le Magnifique, c’est ainsi, en paraphrasant le nom du célèbre duc de Florence, patron des arts, qu’on peut appeler Cardin, lui aussi l’italien d’origine. Si l’art en général est une passion qui accompagne sa vie entière, le théâtre représente une passion toute particulière. Il aime en plaisanter : « Dieu merci, il y a la mode qui permet de gagner de l’argent, qu’on peut dépenser par la suite avec succès pour le théâtre. Si, auparavant, je travaillais pour de l’argent, au cours de ces dernières décennies, c’est maintenant l’argent qui travaille pour moi ».
Lorsqu’on m’a fait entrer dans le bureau de Cardin, à peine ai-je eu le temps de regarder autour de moi, et encore moins de poser la question que j’avais soigneusement préparée : « Quelle femme pourriez-vous appeler votre modèle idéal ? », que j’ai vu le célèbre couturier faire quelque chose de bizarre : Sur la première page de « La Pensée Russe » qu’il avait devant lui, il dessinait avec soin les lettres russes. « Dites-moi, qu’est-ce que cette lettre, qui est comme le P latin ? Ah…c’est un R. Et celle-ci ? Et ça, je sais, c’est une fita, F. Et là ? C’est intéressant, je vais le noter ». Après cette leçon improvisée de langue russe (Cardin a vraisemblablement décidé d’élargir son empire à l’Est), notre conversation, tout naturellement, s’est portée sur la Russie.
- Cela fait très longtemps que je connais les Russes. Vous vous imaginez, j’ai visité la Russie, pour la première fois, en 1962, avec Gilbert Bécaud, quand il donnait des concerts à Moscou. Pourquoi suis-je venu ? Ce pays m’intriguait. Les dirigeants communistes proclamaient qu’ils avaient construit une société où tout le monde était heureux…Un paradis sur terre. Alors pourquoi ne pas permettre à ses citoyens de se déplacer librement, d’aller, de venir ? Si c’était un paradis, alors, bien au contraire, il fallait recevoir tout le monde à bras ouverts. J’avais envie de voir ce pays de plus près, et bien sûr, j’ai été très déçu. Je n’ai rencontré que des gens malheureux, bien que, je tiens à le faire remarquer, je ne m’intéresse pas du tout à la politique. Je me considère comme ambassadeur de la tolérance et de la paix. J’aurais voulu réunir tous les hommes sur terre et essayer de leur apprendre à s’aimer les uns les autres. C’est pourquoi cela fait déjà plus de 10 ans que je suis « Ambassadeur de bonne volonté » de l’Unesco. J’ai toujours aidé les stylistes russes. Valentin Youdachkin, grâce à mon soutien, a été reçu au Syndicat de la Haute-Couture parisienne, alors qu’il y a 30 ans déjà, j’envoyais à Viatcheslav Zaïtsev des valises de tissus pour ses collections. J’ai lu par hasard un article sur lui, et j’ai simplement eu envie de l’aider. Voilà, c’est tout.
- A Moscou il y avait beaucoup de légendes qui circulaient sur vos relations avec Maya Plissetskaya…
- C’est Nadia Léger qui nous a présentés l’un à l’autre, au cours de sa première représentation à Paris, il y a 32 ans…
Cardin montre avec plaisir la photo où il est avec Plissetskaya et qui se trouve sur son bureau.
- Bien sûr, nous avons un peu flirté. Maya est une grande danseuse, mais vous savez, pendant toutes ces années, nous avons été liés par une amitié chaleureuse et sincère. A Paris, elle descend toujours à mon hôtel. Nous nous rencontrons souvent, nous dînons ensemble, et bien entendu, au cours de toutes ces années, c’est moi qui l’ai habillée. J’ai créé également des costumes pour ses spectacles au Bolchoï, « Anna Karénine », « La dame au petit chien », « Les eaux de printemps ». Je suis, depuis plusieurs années, ami avec le poète Andrey Voznessensky. Un jour, il m’a raconté que d’après son poème « Junon et Avos », on avait fait un opéra rock : « Viens voir ! ». Je me suis rendu à Moscou exprès pour le voir, et j’ai tellement aimé le spectacle que j’ai tout de suite donné l’autorisation de le mettre en scène à Paris. On a déjà annoncé la première, 80 personnes sont venues de Moscou ; notez que c’était moi qui avais tout payé, et là, comme un fait exprès, il y a eu cette terrible histoire autour de l’avion coréen, qui a suscité une tension diplomatique sans précédent ! J’ai reçu beaucoup de lettres de menaces : « Si vous montrez les Russes, nous allons brûler votre théâtre », etc…Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit avant la première et je n’arrêtais pas de penser : « Que faire ? Quels rapports ont les acteurs russes avec cet avion coréen ? Aucun, pas plus que le poème de Voznessensky « Junon et Avos ». L’histoire d’amour éternelle, bien qu’on puisse lire l’histoire de l’ambassadeur russe, le comte Riazanov, et de la fille du gouverneur de Californie, Conchie, comme un essai de dialogue entre deux pays en guerre, l’Amérique et la Russie. Bref, il n’a pas été possible d’éviter un scandale diplomatique, et, au cours de la première, le théâtre était à moitié vide. Ni Yves Montand, ni Simone Signoret, personne de ce qu’on appelle « l’intelligentsia pro russe » n’était venu. Et j’ai eu, à ce moment, une idée complètement folle : j’ai téléphoné à « Paris-Match » et j’ai proposé de faire un reportage place de la Concorde, sur le concours des arts entre les Russes et les Américains. A ce moment, les Américains montraient à Paris le spectacle musical appelé « Sophisticated lady » qui, à mon avis, était d’un niveau assez bas, mais c’était sans importance. L’important, c’est que je les ai tous invités à la fête que j’avais organisée avec les Russes, et qu’ils ont accepté tout de suite. J’ai donc rassemblé 70 Américains et 80 Russes, j’ai commandé un dîner chez « Maxim’s », et jusqu’au matin, nous avons dansé, ri et pleuré ensemble. Le lendemain, sur « Paris-Match », il y a eu une immense photo couleur, avec le reportage sur notre rencontre. C’était formidable, et les spectateurs sont venus voir mes Russes. Je vous raconte cette histoire pour que vous puissiez comprendre l’amour que je ressens pour la Russie…
- Et comment étiez-vous reçu à l’époque de l’URSS ?
- J’ai toujours été très bien reçu. Dans les années 80, 32 fabriques de textile travaillaient pour moi dans différentes villes ; je leur envoyais des esquisses, et elles fabriquaient des vêtements d’après ces esquisses. Près d’un million de chemises d’hommes par jour !
- C’est bizarre. Où sont passés tous ces stocks ? A Moscou, je n’ai pas vu spécialement de chemises Pierre Cardin…
- Ecoutez, je vous ai déjà dit que c’est un pays immense. Vous vous imaginez, il y avait 15 républiques ; pour chaque république, il y avait 75 000 chemises. Dans chaque république, il y a au minimum 10 grandes villes ; dans chaque ville, disons qu’elles étaient réparties sur 10 magasins, et ce genre d’article part tout de suite. La moitié pour la Nomenclature, l’autre moitié pour des amis. Donc, si on fait deux heures de queue au Goum (le plus grand magasin de Moscou), il y avait une chance d’acheter les trois chemises restantes.
J’ai été stupéfaite par sa connaissance de la réalité de la vie soviétique, et Cardin, très content, continuait à me raconter comment à l’époque soviétique, toutes les délégations de Moscou dînaient sans faute dans son restaurant chez « Maxim’s » et comment il était reçu au Kremlin par madame Gorbatchev, qu’il habillait, bien entendu, également. Sans doute afin de me surprendre tout à fait, il m’a raconté qu’il connaissait Poutine depuis une vingtaine d’années. Ils avaient participé ensemble à des négociations à Moscou, et il en existe même une preuve visuelle. Après quoi, Cardin fouille dans un tiroir, en sort une photo. J’étais un peu incrédule, car l’homme sur la photo ne ressemblait pas tellement au Président russe d’aujourd’hui. Cardin se vexe comme un enfant :
- J’espère que vous ne croyez pas que je l’ai inventé ?
- Vous disiez qu’autrefois il y avait beaucoup de malheureux en Russie. Et maintenant ?
- Pas de comparaison ! Peut-être que je me fais une représentation très superficielle, mais aujourd’hui, vous sortez la nuit à Moscou et vous vous retrouvez dans une ambiance de fête. Les gens chantent et dansent ; il y a des restaurants pour tous les goûts. Aujourd’hui, ce sont des hommes libres. Il me semble que la liberté, c’est déjà le bonheur. Il n’est pas possible d’exiger d’un pays, dont les changements datent seulement de 10 ans, après presque un siècle de cruauté dans la politique, que tout change instantanément. Dans tous les cas, le bonheur est en nous-mêmes, dans le travail, dans l’équilibre, dans la vie privée. En 1991, j’ai organisé un défilé géant sur la Place Rouge. Près de 200 000 spectateurs y ont assisté. C’était une liesse populaire, une vraie fête de la liberté. Qui aurait pu penser que sur la Place Rouge, après toutes ces revues militaires, il y aurait un jour la mode parisienne et Pierre Cardin ?
Quant au Festival du Cinéma russe à Paris, Cardin en parle d’une façon très réservée. C’est plutôt encore une bizarrerie de Cardin le Magnifique.
- Depuis longtemps, déjà depuis « Junon et Avos », j’ai gardé la mémoire des brillants acteurs russes, et j’ai eu envie de les montrer de nouveau à Paris. Et qui d’autre aujourd’hui à Paris, à part moi, est capable d’organiser et de payer une manifestation aussi coûteuse ? Plus généralement, j’espère que nous avons discuté assez longtemps pour que vous puissiez comprendre à quel point j’ai des relations chaleureuses avec la Russie.
A ce moment, Monsieur Cardin met effectivement un point. Je comprends, à regret, que le temps que mon interlocuteur m’avait imparti pour l’entretien, est arrivé à sa fin.
(EKATERINA BOGOPOLSKAIA, « La Pensée russe », Paris, 30 octobre 2003)
Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre
La semaine dernière dans le programme La Comédie continue, encore! proposé par la Comédie-Française, nous avons vu la captation d’Amphitryon d’Anatoli Vassilev. Quelle surprise ! Cette captation du réalisateur Andy Sommer (coproduction avec France 3 ) présente un regard très particulier sur le travail de Vassiliev et d’une certaine manière propose une autre optique du spectacle, nous invitant à réfléchir sur les possibilités nouvelles qu’offre l’écran. Читать дальше