Les classiques, un défi pour le futur

du 2 au 26 juillet 2015 – Le 38e Festival International de Théâtre Classique d’Almagro

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Photo Irène Sadowska-Guillon

        Le plus important Festival de théâtre classique en Espagne, le Festival d’Almagro, dans la Mancha, berceau du théâtre baroque et particulièrement du Siècle d’Or, fait vivre et renouvelle la tradition des grands classiques espagnols et étrangers. 

        L’impressionnant cadre architectural de la ville d’Almagro, avec un Corral de Comedias du XVIe s., le mieux conservé des monuments du Siècle d’Or espagnol, accueille les spectacles du Festival. Renouvelé radicalement depuis cinq ans par sa directrice Natalia Menendez, il étend en 2015 sa programmation, s’ouvre davantage aux créations internationales et ose de nouveaux paris. Au-delà de la commémoration des 400 ans de la publication de la IIeme partie de Don Quichotte de Cervantès et du 500e anniversaire de la naissance de Sainte Thérèse d’Avila dont la vie et l’œuvre ont inspiré plusieurs spectacles, le Festival reçoit comme invité d’honneur le théâtre de Corée du Sud et propose une diversité de regards contemporains sur des classiques espagnols et étrangers.

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« Entremeses de Cervantes ». Mise en scène Jose Luis Gomez, Teatro de la Abadia. Photo Andres de Gabriel

         Depuis qu’elle a pris la direction du Festival International de Théâtre Classique d’Almagro, Natalia Menendez, actrice et metteur en scène, a soldé le déficit du festival en lui imprimant en même temps de nouvelles orientations. Les mots d’ordre de ses programmations : l’excellence, la diversité des genres et des esthétiques, la priorité à la création et aux artistes émergents, le rayonnement du Festival et son ouverture toujours plus grande à la scène internationale et aux publics de niveaux et de tranches d’âge différents.

      Sous le signe de l’extension tous azimuts le 38e Festival d’Almagro accueille 53 compagnies dont 39 espagnoles de huit régions d’Espagne, les autres venant de Corée du Sud, de France, d’Italie, de Grèce, d’Angleterre, des USA, d’Allemagne, du Mexique, d’Argentine, du Chili, du Canada et propose 22 créations dont 11 mondiales.

Malgré la TVA de 21 % qui depuis 2012 frappes la culture (les productions et les tarifs) le Festival maintient les prix des billets : 8 € minimum, 27 € maximum, 50 % de réduction le jeudi, 40 % tous les jours pour les moins de 21 ans, les plus de 65 ans et pour les chômeurs. Les subventions publiques ont légèrement augmenté en 2015, année qui cumule trois grandes élections municipales, régionales et législatives. Ce qui a donné lieu à une série d’auto félicitations et de déclarations d’amour pour la culture des politiques de la ville d’Almagro, de la région Castilla La Mancha et du Ministère de l’Éducation et la Culture.

    Le fait est que le Festival doit son expansion, ses ouvertures multiples à la gestion exemplaire, à l’audace, à l’incroyable énergie, aux prises de risques quant au choix des spectacles et aux propositions artistiques pas toujours très orthodoxes, à sa directrice Natalia Menendez. À 16 lieux fermés et ouverts s’ajoute cette année un nouvel espace «After classics » destiné aux jeunes créateurs qui proposent des regards très décapants, parfois même déconcertant, sur les classiques.

    La pluralité et la diversité des disciplines et des formes artistiques s’amplifient allant du théâtre dramatique, musical, danse, musique, aux nombreuses expositions de scénographie, d’arts plastiques, de photographies. La formation du public, en particulier du jeune public, est un des enjeux de Natalia Menendez qui en arrivant à la direction du Festival a créé un cycle « le baroque pour enfants », mais aussi une série de rencontres et de débats sur les spectacles présentés, comme « Conversations critiques » ouvertes au public, auxquelles cette année s’ajoutent des rencontres de blogueurs théâtraux.

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« La Tempête »de Shakespeare. Mise en scène Marta Pazos. Photos Voadora

      Parmi les temps forts du Festival 2015, le 15e Prix du Corral de Comedias qui va à Jose Luis Gomez, acteur, metteur en scène, fondateur et directeur du Teatro de la Abadia à Madrid qui présentera son spectacle emblématique Intermèdes de Cervantès, l’hommage à Vicente Fuentes, grande figure du théâtre espagnol, docteur en théorie, histoire et pratique du théâtre de l’Université d’Alcala de Henares et la venue pour la première fois de la compagnie du Teatro de la Zarzuela de Madrid avec La cantada vida y muerte del general Malbru de Jacinto Valledor. Mais l’événement incontestable du Festival sera le spectacle inaugural (le 2 juillet)et populaire Fuenteovejuna de Lope de Vega joué par les habitants du village Fuente Obejuna sur la Plaza Mayor d’Almagro. Deux grands anniversaires marquent la programmation du Festival : le cinq centenaire de la naissance de Sainte Thérèse d’Avila dont la figure et l’œuvre ont inspiré entre autre Teresa o el sol por dentro (Teresa ou le soleil intérieur) du grand acteur Rafael Alvarez. À l’occasion du 400e anniversaire de la publication de la IIe. partie du Don Quijote au-delà de textes très connus de Cervantès on découvrira des nouvelles adaptations pour la scène dont La Gitanilla création de Pépé Mayo et Carmen Cortes avec la compagnie Danza Flamenca, Don Quijote –una obra de sueño segun Telemann, de la compagnie Theater des Lachmens d’Allemagne, et The ingenious gentleman Don Quichotte of la Mancha par la compagnie Little soldiers Productions du Royaume-Uni.

      Le théâtre de Lope de Vega est très présent au Festival mais cette fois les feux des projecteurs se porteront particulièrement sur la création de Mujeres y criados (Les femmes et les serviteurs) création mondiale de sa pièce inconnue récemment retrouvée dont le propos révolutionnaire en surprendra plus d’un. Calderón de la Barca se taille aussi une bonne place dans la programmation avec entre autres une pièce peu connue Henri VIII ou le schisme d’Angleterre adaptée par Jose Gabriel Lopez Antuñano et mise en scène par Ignacio Garcia avec la Compagnie Nationale de Théâtre Classique qui présente également des versions contemporaines de En un lugar de Don Quijote (Dans un lieu du Don Quichotte), mise en scène par Yayo Caseres, et Don Juan Tenorio de Zorilla adaptée par Juan Mayorga et mise en scène par la grande star de la scène espagnole Blanca Portillo.   On n’a jamais vu au festival une telle abondance de pièces de Shakespeare ou de leurs versions contemporaines. En tout une dizaine de productions parmi lesquelles on remarquera Roméo and Juliet for 2 de la compagnie Idéa Theatre de Grèce, Les joyeuses commères de Windsor adaptée et mise en scène par Andres Lima, La tempête mise en scène par Marta Pazos mais surtout une version très personnelle et originale de Hamlet d’Alfonso Zurro.

     Deux spectacles de la Corée du Sud : Salpuri – Unravel de Jin-Ban Choi (danse) et Auri du Parandal Theatre compagny ajouteront un parfum exotique à cette grande fête théâtrale. On remarquera aussi les classiques français : Molière avec ses pièces emblématiques Le bourgeois gentilhomme, L’avare, Le médecin amoureux, Le médecin volant, Les précieuses ridicules et Marivaux avec Le triomphe de l’amour auxquels s’ajoute La belle et la bête, création de Milena Vlach et de la compagnie Aigle de sable.

Un Festival riche en émotions et en découvertes.

 

 Festival International de Théâtre Classique d’Almagro

www.festivaldealmagro.com