Éclectisme et prise de risques avec de nouvelles créations et les relectures des œuvres du répertoire, le soutien aux créateurs d’œuvres contemporaines, voici ce qui caractérise la programmation 2018 – 2019, plus ample et plus diversifiée que les précédentes.
Une expansion sur tous les fronts : programmation croissante d’opéras pour le public jeune et adolescent, accompagnée de programmes éducatifs, présence plus importante de la danse avec des créations contemporaines, développement de la projection internationale à travers l’augmentation des coproductions avec les plus prestigieux Opéras du monde et renforcement de la diffusion et des retransmissions mondiales des productions du Teatro Real. Se positionnant en première ligne sur la scène internationale, le Teatro Real a pris l’initiative d’organiser à Madrid, le 12 avril 2018, le Ier Forum Mondial réunissant des directeurs ou des représentants de 150 Opéras du monde. Une saison ambitieuse et audacieuse qu’on peut résumer ainsi : 15 productions d’opéras dont une création mondiale, réparties sur 244 représentations, 17 représentations de danse de cinq compagnies d’Espagne et étrangères, 6 concerts, récitals lyriques, 97 représentations pour le jeune public, 8 concerts de chambre, 3 retransmissions mondiales d’opéras filmés. Tout ceci se réalisera avec un budget de seulement 30 200 000 €.
Renouveler et enrichir le répertoire par des œuvres incontournables, contemporaines ou récupérées du passé est un des objectifs permanents du Teatro Real. Ainsi, la saison qui vient, 7 nouveaux opéras, créés d’abord à Madrid et suivis d’une tournée, seront incorporés dans le répertoire : La Calisto de Francesco Cavalli par Dadid Alden, Dido and Aeneas de Henry Purcell, créé par Sasha Waltz and Guest, Capriccio de Richard Strauss par Cristof Loy, La peste de Robert Gerhard par Justin Way, Com que voz de Stefano Gervasoni par Óscar Garcia Villegas, Only the sound remain de Kaija Saariaho par Peter Sellars et la création mondiale de Je suis narcissiste de Raquel Garcia Tomas par Marta Pazos.
Une place privilégiée est réservée à Richard Wagner, toujours présent au Teatro Real, avec la création de sa tétralogie L’anneau des Nibelungen, qui commence la saison 2018 – 2019 avec Lohengrin et se poursuivra les 3 saisons suivantes. Un événement avec, dans la fosse Pablo Heras Casado, chargé de la direction musicale du cycle wagnérien et, à la mise en scène, le remarquable Robert Carsen.
La thématique des mythes grecs, germaniques et modernes qui ont inspiré et inspirent les opéras, constitue le fil conducteur qui relie plusieurs œuvres programmées, parmi lesquelles Faust de Gounod revisité par la Fura dels Baus et le metteur en scène Alex Ollé, où le pacte conclu par Faust avec Méphistophélès devient une métaphore du pacte entre l’homme d’aujourd’hui la technologie. Robert Wilson mettra en scène Turandot de Puccini, sans doute dans son esthétique particulière, et Robert Carsen reviendra, après Lohengrin, pour monter Idoménée de Mozart. On attend avec impatience la création de La Calisto de Francеsco Cavalli, avec un livret de Giovanni Faustini basé sur le livre II des Métamorphoses d’Ovide, mis en scène par David Alden, déja habitué du Teatro Real, et interprété par l’orchestre baroque. La Calisto est une véritable curiosité. Tombé dans l’oubli durant des siècles, cet opéra fait partie aujourd’hui des œuvres incontournables du répertoire opératique baroque. Son thème libertin : l’amour de Jupiter pour la belle Calisto qui le repousse sous son apparence masculine, mais succombe quand il revient sous l’apparence de Diana, peut être traité aujourd’hui sans préjugés moraux.
Laurent Pelly revient régulièrement au Teatro Real. Après La fille du régiment, Hansel et Gretel, il nous a enchanté avec son Coq d’or de Rimski-Korsakov. Cette fois il mettra en scène Falstaff de Verdi, qui correspond, on ne peut mieux, à son remarquable sens de la théâtralité et du comique.
Le versant tragique de la création verdienne est représenté par Il Trovatore qui sera mis en scène par Francisco Negrin.
Richard Strauss se préoccupait beaucoup du rôle du texte chanté à l’opéra, insistant sur son intelligibilité. La controverse : qu’est-ce qui est le plus important à l’opéra texte ou musique ? constitue le thème de son dernier opéra Capriccio, traité sous forme allégorique : l’affection d’une comtesse qui symbolise l’art, est disputée par deux prétendants, un poète et un compositeur.
Enfin, deux opéras en version concert : Agrippina de Haendel et Giovanna d’Arco de Verdi avec, dans le rôle de Giacomo, le fantastique Placido Domingo, qui chaque année est présent dans la programmation du Teatro Real.
Quant à la danse, le Teatro Real programme plus de titres. Cinq compagnies : le Ballet am Rhein Düsseldorf Duisburg, le Ballet National de l’Opéra de Paris avec cinq pièces et des chorégraphies de Jérome Robbins, Hans van Manen et Balanchine, Sasha Waltz and Guests, Compañía Nacional de Danza avec Casse-noisette et Victor Ullate Ballet qui fête cette année 30 ans de sa compagnie.
Comme toujours de nombreux programmes, en relation avec les œuvres présentées, sont intégrés dans la programmation dont une partie plus importante est réservée cette année au public Junior.