Du 22 juin au 13 juillet 2018, Teatro Real, Madrid
Lucia de Lammermoor
Drame tragique en trois actes de Gaetano Donizetti
livret Salvatore Cammarano basé sur le roman La fiancée de Lammermoor de Walter Scott
direction musicale : Daniel Oren; mise en scène : David Alden
décors : Charles Edwards; costumes : Brigitte Reiffenstuel
lumières : Adam Silverman; chorégraphie : Maxime Braham
Chœur et orchestre titulaires du Teatro Real
Production de la English National Opera
Distribution
Lucia: Lisette Oropesa (Juin. 22, 25, 28 -Juillet 1, 4, 7, 10, 13) Venera Gimadieva (Juin. 23, 26, 29 – Juillet. 2, 5, 8, 11)
Edgardo: Javier Camarena (Juin. 22, 25, 28 – Juillet. 1, 4, 7, 10, 13) Ismael Jordi (Juin. 23, 26, 29 – Juillet. 2, 5, 8, 11)
Enrico Ashton : Artur Rucinski (Juin. 22, 25, 28 – Juillet. 1, 4, 7, 10, 13) Simone Piazzola (Juin. 23, 26, 29 – Juillet. 2, 5, 8, 11)
Raimondo Bidebent : Roberto Tagliavini (Juin. 22, 25, 28 – Juillet. 1, 4, 7, 10, 13) Marko Mimica (Juin. 23, 26, 29 – Juillet. 2, 5, 8, 11)
Lord Arturo Bucklaw: Yijie Shi
Alisa: Marina Pinchuk
Normanno: Alejandro del Cerro
Lucia de Lammermoor, opéra romantique de Gaetano Donizetti, le sommet de sa veine tragique, achève la saison 2017 / 2018 du Teatro Real de Madrid. Réputé pour sa richesse musicale et surtout l’exigence d’une perfection vocale des interprètes principaux, Lucia et Edgardo, Lucia de Lammermoor a marqué la carrière de Maria Callas et de Joan Sutherland qui jusqu’à présent restent des interprètes emblématiques du rôle-titre. La question qui se pose aujourd’hui est celle-ci : que représente pour nous cette œuvre historique, située dans une Écosse de la fin du XVIIe s ?
Le drame dans l’opéra de Donizetti est centré sur la rivalité politique et religieuse entre le clan de Ravenswood, catholique, ancien propriétaire du château de Lammermoor et celui de Ashton, réformiste. Dans ce contexte s’inscrivent les thèmes romantiques : haine ancestrale entre les deux familles, vengeance, amour passionnel et impossible de deux jeunes amants appartenant à des clans rivaux, trahison, mariage forcé, folie, meurtre, suicide. Un monde étouffant dont l’époque victorienne est équivalente avec la société patriarcale où la femme est privée de droits et condamnée à la solitude. Le metteur en scène, David Alden transporte l’action de l’opéra dans la maison de Ravenswood, dans l’Écosse du XIXe s. Le scénographe Charles Edwards s’est inspiré de l’ancienne résidence du médecin britannique John Langdon Down, découvreur du syndrome de Down.
Une ambiance fantomatique, à la Edgar Poe, sinistre et claustrophobe, dans laquelle le frère et la sœur entretiennent des relations malsaines.
Charles Edwards crée dans sa scénographie une série de perspectives qui multiplient les angles de vision et laissent percevoir les détails au-delà des apparences d’une réalité bourgeoise glacée. C’est en réalité une clinique psychiatrique avec les lits, des barreaux, des appareils pour enchaîner les patients impuissants, oppressés.
Une métaphore d’un monde asphyxiant où règne la folie qui renvoie aussi aux méthodes pratiquées, à savoir la thérapie par le théâtre, dans des hôpitaux pour les malades mentaux, en Écosse de la première moitié du XIXe s. Ces représentations avec de vrais fous étaient une distraction favorite des bourgeois locaux, des donateurs et des charitables dames de la noblesse.
Un univers, interprétés par des chanteurs de choix, à hauteur des exigences vocales de cet opéra.
Crédit photo: © Javier del Real | Teatro Real