Du 4 au 28 novembre 2021 au Teatro Fernan Gomez Centro Cultural de la Vila, Madrid
Présentée dans un décor simple, un parquet rouge comme celui de la pièce où Tchekhov écrivait à Yalta, une table couverte de papiers et de manuscrits, deux chaises, un fauteuil en rotin, un petit banc et au fond à gauche un portoir avec des vêtements suspendus. En entrant dans la salle nous sommes accueillis par des chœurs russes. C’est ainsi que commence le spectacle « Ta main dans la mienne » d’après la célèbre pièce de l’américaine Carol Rocamora, critique de théâtre et traductrice de Tchekov, basée sur la correspondance d’Anton Tchekov avec sa femme, l’actrice Olga Knipper , dans la mise en scène de Santiago Sanchez. Avec sa compagnie l’OM Imprebis créé en 1983 à Valence il a mis en scène des œuvres de Brecht, Cervantes, Camus ou Tchekhov et des spectacles basés sur l’improvisation. Il a travaillé également pour le Centre Dramatique National de Madrid et Théâtre de la Généralitat de Valencia.
Après Paul Scofield et Irene Worth ( Almeida Theatre, London, 2001), Michel Piccoli et Natasha Parry ( Théâtre des Bouffes du Nord, 2003 ), ce sont les deux célèbres acteurs espagnols, Rebeca Valls et José Manuel Casany, qui vont endosser les rôles d’Anton et Olga.
Au début les deux interprètes nous parlent des lettres qu’ont échangés Tchekhov et sa femme, plus de 400, qui font la matière du texte de la pièce. Puis très vite ils incarnent les deux personnages. Ils vont en lire de courts extraits, en écrire aussi, en les disant, mais surtout jouer, dialoguer la majorité du texte composé à partir de ces lettres. L’assemblage est fait de telle façon que l’on a le sentiment d’un dialogue suivi, les lettres se répondant, se questionnant. Le jeu des deux acteurs est naturel, sans être naturaliste à l’excès.
Par moment Olga nous donnera des extraits, courts, des pièces de Tchekhov qu’elle a jouée pour animer Tchekhov à écrire encore et le rassurer sur ses qualités d’écrivain de théâtre.
Les moment heureux et joyeux donnent lieu à une course sur le plateau, à un jeu vif, les moments tristes, comme la perte de l’enfant qu’Olga attendait, les difficultés de Tchekhov pour écrire, épuisé par sa maladie, cloitré volontairement à Yalta, sont joués délicatement, sans surcharge, mais émouvants. La musique, composée par Victor Lucas, viendra ponctuer les moments importants de cette relation, créant ainsi des pauses dans le jeu.
Les costumes sont intemporels, contemporains et d’époque, comme cette jupe longue et une petite veste qu’ Olga ira chercher sur le portoir après leur mariage.
Les moments de tendresses sont montrés de façon naturelle et retenus. La diction est parfaite, ce qui n’est pas toujours le cas de certains acteurs.
Un beau moment de vie, un regard intime sur la vie de ce couple légendaire. Une pièce qui émeut mais également nous fait découvrir les mystères de la création théâtrale.
Crédit photos: Jordi Pla