« Le débat du cœur : Colette Thomas et Antonin Artaud »

 15-23 décembreThéâtre de l’Atalante
 
 
Un spectacle singulier de Virginie Di Ricci/ Jean-Marc Musial d’après la correspondance de Colette Thomas et Antonin Artaud (Théâtre de l’Atalante). La rencontre de deux êtres extraordinaires. L’un est un poète visionnaire de cinquante ans, interné en hôpital psychiatrique depuis neuf années. L’autre est une aspirante inspirée – poète, comédienne de 23 ans, formée par Louis Jouvet, qui a ,elle aussi, connu l’internement psychiatrique. Nous sommes en 1946, Colette Thomas rend visite à Antonin Artaud encore interné à l’asile de Rodez. Sa lecture, pendant la guerre, du « Théâtre et son double », l’a renversée et durant les deux années qui suivent elle travaille avec Artaud pour dire ces textes lors de trois performances restées cultes, notamment la soirée d’hommage à lui rendu, au théâtre Sarah Bernhardt le 7 juin 1946. Elle est aussi l’auteur d’un unique livre resté dans l’ombre pendant plus de soixante ans : « Le testament de la fille morte », réédité cette année par les Editions Prairial. Ce livre contient ses lettres adressées à Antonin Artaud sous le titre « Le débat du cœur ». Les lettres d’Artaud à Colette sont parues dans « Suppôts et Suppliciations ». Recomposée et mise en scène pour la première fois, cette correspondance révèle une histoire sans exemple, extraordinaire, dramatique. Sur scène l’actrice, Virginie Di Ricci, devient le lieu physique et psychique d’un débat du cœur qui n’a pour témoin que la lumière, réalisée par JM Musial, pivot essentiel d’une radicalité dans l’épure et dans le dialogue des âmes. Drame double donc où la voix d’Artaud se noue à celle de Colette Thomas à travers ses réminiscences traumatiques et leurs dépassements. Un théâtre « où les bûches des mots sont des bêtes qui toutes éclatent en sanglot » (A.A) Pacôme Thiellement, préfacier de Colette Thomas, recompose en un prologue, sur le mode la conférence, le parcours et le portrait de Colette Thomas. Tombée dans un immense oubli, Colette Thomas nous revient aujourd’hui à travers le regard d’ Antonin Artaud.