Qu’est que restera dans la mémoire collective après ce 79 ème Festival d’Avignon? Surement, « Le Soulier de satin » de Paul Claudel au Palais des Papes. Par la troupe du Français mené par Eric Ruf. Une joie immense, sans limites, comparable à la grâce ( le mot tant apprécié par l’auteur) s’est emparée d’une grande/ très grande salle (2000 personnes quand même) de la Cour d’Honneur du Palais des Papes.
C’était incroyable de voir à 4 heures du matin après l’annonce de Florence Viala ‘ Quatrième journée! » toute une salle de spectateurs tapait le sol à l’unisson avec l’ardeur digne d’un accueil de concert rock! Ruf a réussi quelque chose de peu imaginable, en magnifiant sa substance Théâtre, il a transformé la pièce souvent considérée comme difficile et peu compréhensible et obscure en une œuvre presque populaire. En Avignon, aux interprètes sublimes du Français, qui manipulent le temps du représentation et l’espace de La Cour d’Honneur avec une liberté et le souffle des grands performeurs s’ajoute une dimension qui manquait au spectacle de Ruf ,avec ces coupures des scènes purement mystiques ou religieuses, dans un théâtre à l’italienne – la dimension du cosmique, du sacré apportée par la présence même de ce vieux palais, forteresse et château du XIV, avec ces voutes et ces arcades et ces murs légendaires qui s’ouvrent sur le ciel et les étoiles. Et oui, quand Prouhèze s’adresse à la Vierge en lui offrant comme gage son soulier de satin, on n’a pas besoin ni de statut de Marie, ni d’autres accessoires plus ou moins réussis – le soulier, emporté par un ballon rouge, s’envole directement vers le Ciel. Et nous, ici-bas, nous le suivons d’un regard enchanté, » on est dedans, il y a quelque chose qui vous réunit bienheureusement à tout, une goutte d’eau associée à la mer! La communion des saints « !
Crédit photo : ©Jean-Louis Fernandez
La vidéo prise à 6 heures du matin, la nuit du 22 juillet 2025.





